L’Assurance Maladie à fond sur l’innovation
Dans quel contexte s’inscrit la nouvelle loi ?
Ayden Tajahmady – Depuis soixante-dix ans que la Sécurité sociale existe, elle a offert aux Français un accès aux soins d’une rare qualité, plaçant notre pays en tête des indicateurs de santé publique dans le monde. Le revers de l’efficacité de ce modèle unique, exceptionnellement protecteur, est qu’il a transformé nos maladies aiguës, qui autrefois abaissaient l’espérance de vie – une défaillance cardiaque, un diabète –, en des maladies chroniques qui ont un coût, alors qu’une pression économique déjà très forte s’exerce sur notre système de soins.
Ce système doit évoluer : ses modes d’organisation et de financement – par exemple, la rémunération à l’acte des soins hospitaliers et de ville – ont été pensés autour de prises en charge ponctuelles, alors que le développement des maladies chroniques appelle des prises en charge sur la durée et des parcours de soins coordonnés entre les nombreux professionnels de santé alors mobilisés. D’où la nécessité d’innover pour mieux répondre aux besoins des patients tout en maîtrisant nos dépenses.
"Nous ne manquons pas d’idées en France : les initiatives foisonnent sur le terrain pour améliorer les parcours de santé." Dr Ayden Tajahmady
En quoi la loi permet-elle une avancée majeure pour l’innovation en santé en France ?
A. T. – Jusque-là, notre système de santé, très régulé, n’autorisait pas le déploiement rapide d’innovations organisationnelles. Nous ne manquons pas d’idées en France : les initiatives foisonnent sur le terrain pour améliorer les parcours de santé, soutenues notamment par le Fonds d’intervention régional mis à disposition des agences régionales de santé (ARS). Mais il n’existait pas jusque-là de capacité financière suffisante ni de cadre juridique adéquat, pour évaluer et diffuser à grande échelle les expérimentations les plus pertinentes.
C’est ce que permet désormais le dispositif national d’appui (notamment le fonds dédié) créé à travers l’article 51 de la loi. Grâce à lui, nous espérons promouvoir dès 2018 des innovations telles que le paiement au forfait, basé sur une solidarité financière entre les professionnels de santé, ou la prise en compte des résultats des soins dans leur rémunération. On améliorera ainsi la qualité du parcours de soins des patients opérés par exemple de la hanche, en incitant les chirurgiens hospitaliers et les acteurs de la rééducation – jusque-là rémunérés différemment – à mieux travailler ensemble pour éviter les complications post-opératoires. À plus long terme, nous pouvons escompter un effet d’accélération dans le déploiement de la télémédecine et l’expérimentation des technologies connectées.
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