Too Good To Go, porte-flambeau européen du mouvement anti-gaspi
Comment est née l’idée de Too Good To Go ?
Camille Colbus – Tout simplement d’une prise de conscience : aujourd’hui dans le monde, un tiers des aliments produits part à la poubelle ; rien qu’en France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année. Si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait aussi le 3e émetteur mondial de CO2 après la Chine et les États-Unis. C’est dire l’enjeu à la fois économique, social et environnemental ! Et pourtant, avec les nouvelles technologies, les solutions sont à portée de main : si par exemple on connecte les bonnes personnes au bon endroit – ici, les commerçants et les habitants d’un quartier autour d’un « panier surprise » à moindre coût composé des invendus du jour – on peut avoir un vrai impact. C’est sur ce principe qu’est née l’application Too Good To Go.
Qu’est-ce qui explique son essor fulgurant, en France et à l’international, qui fait désormais de votre startup une scale-up ?
C. C. – Déjà, il faut savoir qu’à la création de Too Good To Go, nous avons lancé des entreprises indépendantes dans 5 pays en même temps : la France, le Danemark, le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège. Très vite, nous avons senti un engouement de la part des commerçants et des utilisateurs européens pour cette solution simple, gratuite, qui leur permettait d’agir au quotidien contre le gaspillage alimentaire tout en obtenant un gain financier.
Il y a aussi tout le travail de sensibilisation que nous faisons autour : pédagogie après des consommateurs – pour la Semaine Européenne du Développement Durable (SEDD, organisée du 30 mai au 5 juin), nous prévoyons une campagne de communication nationale pour éduquer le grand public sur le lien de causalité, peu connu, entre le gaspillage alimentaire et le changement climatique –, partenariat avec les distributeurs qui, comme Carrefour, sont de plus en plus nombreux à solliciter de notre part des recommandations pour faire bouger les lignes en interne, organisation de tables-rondes avec les pouvoirs publics et les industriels – dont est sorti en février 2019 un premier Livre blanc sur les dates de péremption, en vue d’inspirer un projet de loi…
Aujourd’hui, Too Good To Go est beaucoup plus qu’une application mobile – c’est ce qui fait notre spécificité par rapport à d’autres acteurs : nous sommes les leaders d’un vrai mouvement anti-gaspi, une autorité dans la lutte contre le gaspillage alimentaire à l’échelle européenne, basée sur une communauté unique d’utilisateurs.
N’y a-t-il pas aujourd’hui trop d’acteurs sur ce créneau ?
C. C. – Non, il n’y aura jamais trop d’initiatives pour réduire le gaspillage alimentaire. C’est seulement en les multipliant que l’on accroîtra l’impact et qu’on pourra demain sauver notre planète. Après, il faut fédérer et coordonner les efforts, et c’est bien l’ambition de Too Good To Go.
Quel est votre modèle économique ?
C. C. – Il est très simple : nous percevons une commission sur les ventes de paniers par les commerçants via l’application. Vu son succès, cela nous permet d’avoir aujourd’hui une belle croissance à 2 chiffres !
Nous avons toujours été convaincus que le futur des entreprises, ce sont des ESS ayant un impact qui puisse soutenir leur croissance : chez Too Good To Go, c’est notre impact positif qui nous ramène du business, pas l’inverse. [[nid:3156]
Comment voyez-vous la suite ?
C. C. – Nous allons continuer à construire le mouvement. Notre objectif est aussi de permettre à tous les acteurs de la lutte contre le gaspillage alimentaire – consommateurs, distributeurs, industriels, pouvoirs publics – d’avoir les clés, informations comme solutions, pour s’engager au quotidien dans ce combat.
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